Mantongouiné
Mantongouiné est un village de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, situé dans la région des Dix-Huit Montagnes, à une quinzaine de kilomètres de la préfecture de Danané. Il compte plus de 3000 habitants qui appartiennent majoritairement à l’ethnie yacouba.
Quand on suit la route goudronnée qui mène à Danané en provenance de Man, au carrefour de Bohopleu Cavally, il faut emprunter une route de latérite sur 4,5 kilomètres au milieu de la forêt tropicale et des plantations de café et de cacao pour arriver à Mantongouiné.
Au rouge de la terre se mêle le vert puissant des montagnes qui l’entourent. Des cases en papot se dressent au côté de maisons de briques et de tôles.

LA SCOLARISATION DES ENFANTS À MANTONGOUINÉ
Le manque de moyens financiers freine la scolarisation des enfants
« Selon l’enquête menée, le manque de moyens financiers des familles est l’obstacle majeur qui empêche la scolarisation des enfants et en particulier les filles qui sont les premières à être affectées lorsque des choix financiers doivent être faits par les chefs de famille. La capacité des familles à prendre en charge l’éducation de leurs enfants a été notamment affectée par l’affaiblissement des moyens de subsistance dans certaines régions, les pertes en vies humaines au sein de certaines familles directement touchées par les violences, ou simplement l’appauvrissement général des communautés après 10 années de tension socio-politiques. »
Extrait du site www.unicef.org
En Côte d’Ivoire, le droit à l’éducation de base pour une frange importante des enfants n’est pas encore assuré. Près d’un enfant âgé de 6 à 11 ans sur deux ne va pas à l’école, avec un décalage entre les garçons et les filles (59 pour cent contre 51 pour cent), et un écart plus prononcé entre le milieu urbain et le milieu rural (66 pour cent contre 48 pour cent).
Le faible niveau de scolarisation est essentiellement attribuable à l’insuffisance de l’offre d’éducation : insuffisance de maîtres et d’établissements scolaires.
Les enfants qui accèdent à l’école ne bénéficient pas toujours d’un enseignement de qualité, avec comme conséquence une faible probabilité d’atteindre la 5è année du primaire (52 pour cent). La faible qualité de l’offre affecte également la motivation des parents à scolariser leurs enfants.
Dans le village de Mantongouiné, les familles vivent de la culture du café, du riz, du cacao, du manioc, de la banane plantain et de la vente de leurs produits sur le marché. Leur revenu est donc faible et dépendant de leur production. Les petites épiceries-drogueries, qu’on appelle « boutiques », les maquis, les « bars » de Côte d’Ivoire sont les commerces du village. Les seuls travailleurs à revenu fixe sont les instituteurs. Ils sont au nombre de 12.
Des années de scolarité bouleversées par les troubles politiques
De 2001 à 2011, la Côte d’Ivoire a connu une période politique instable et tourmentée, se terminant par une guerre civile. Durant ces 10 années, la scolarisation des enfants a été très perturbée. Par exemple, Mantongouiné a vu fuir ses instituteurs-fonctionnaires originaires du Sud car le village étant situé en zone dite « rebelle », ils ne se sentaient plus en sécurité dans la région. Le village a dû faire appel à des volontaires, bénévoles, pour faire la classe aux écoliers.
Quelle école à Mantongouiné ?
Aujourd’hui, deux écoles primaires existent dans le village. Elles ont été rénovées en 2012 grâce à un programme humanitaire international. Les constructions précaires ont laissé place à des bâtiments en briques, aux toits de tôle que le vent violent a cependant détériorés en 2014.
Les écoles de Mantongouiné accueillent 603 élèves pour l’année scolaire 2014-2015. L’effectif de l’école EPP Mantongouiné 1 est de 230 élèves, celui de l’école EPP 2 s’élève à 273.

Les écoles reçoivent des subventions de l’Etat ivoirien. Cependant, elles ne parviennent pas toujours à temps pour les rentrées scolaires. De plus, toutes les écoles ne sont pas subventionnées.
Chaque année, le gouvernement finance un kit de fournitures par élève. Cependant, la dotation est souvent insuffisante. S’il a de la chance, un enfant entrant au CP reçoit une ardoise, 2 cahiers de 100 pages, 1 stylo bleu, 1 crayon, 1 paquet de crayons de couleur et 1 gomme. Les années suivantes, au même kit s’ajoute 1 cahier au nombre de pages plus important. Au CM2 un ensemble géométrique est donné. En ce qui concerne les manuels scolaires, les parents d’élèves doivent les financer, ce qui leur est le plus souvent impossible. Un manuel peut servir à 3 ou 4 enfants. Si un élève n’a plus de matériel, il est renvoyé à ses parents afin qu’ils se procurent le matériel manquant.
Chaque année, la COGES (une fédération de parents d’élèves) impose des frais d’inscription aux parents. Ils s’élèvent à 3 000 CFA (4.5 euros). Cela finance le loyer des instituteurs et le matériel de la classe. A cette inscription, s’ajoute le coût d’un uniforme kaki pour les garçons ou d’une robe carrelée pour les filles.
MINDO souhaite faire en sorte que chaque classe entre le CE1 et le CM2 possède au moins un dictionnaire et des lots de papier rame A4 blanc.